Avec les tatouages, elle adoucit les stigmates de la vie

Depuis près de huit ans, Maud Dufour, tatoueuse, s’est spécialisée dans l’habillage de cicatrices. Avec son univers floral et végétal, elle aide les femmes à retrouver leur féminité après une mastectomie. Le quotidien Ouest-France lui à consacré un article. Portrait

Qui est Maud ?

« La sonorité est très importante dans ma vie : se serrer les coudes entre femmes me nourrit. » Maud Dufour, alias Maud Dufette est tatoueuse depuis près de huit ans, chez Kalil Tattoo Family. Âgée de 33 ans, cette passionnée de dessin floral et végétal aide aussi les femmes à retrouver leur féminité après une mastectomie.

«  Il y a six ans, Françoise, une cliente, est venue me voir pour recouvrir sa cicatrice après un cancer du sein, se souvient-elle. L’ablation d’un sein et les cicatrices peuvent se révéler traumatisantes pour les femmes, elles considèrent perdre une partie de leur féminité. On a donc imaginé ensemble un tatouage. J’ai voulu plutôt proposer une création artistique. »

« Habillé, pas recouvrir »

La professionnelle ajoute : « Je cherche à habiller, pas à recouvrir. » Elle se compare à une couturière qui habille sur mesure. L’émotion de sa cliente l’a beaucoup marquée. « Sa réaction était un bonheur pour les yeux, se souvient la tatoueuse. Faire ce travail donne tellement de satisfaction car ce sont aussi des cicatrices de l’âme. Mon travail lui a fait du bien et à moi aussi. » Depuis, Maud tatoue des femmes pour cacher les stigmates de l’opération.

Il faut plusieurs séances pour arriver au dessin final et au fur et à mesure, une complicité se crée entre la tatoueuse et sa cliente. Maud apprécie plus que tout de voir ces regards douloureux se transformer en émerveillement à la vue de l’évolution du tatouage.

« Je me souviens d’une des femmes que j’ai tatouées. Elle aime maintenant se regarder à la sortie de sa douche. Une amie lui à même organisé un vernissage d’elle-même. C’était une soirée avec tous ses proches et au milieu de la soirée, elle a enlevé son tee-shirt pour montrer ses seins… Elle m’a raconté que le regard des gens avait changé. Avant son tatouage, son entourage avait peur de regarder, était triste. Elle a retrouvé sa féminité. »

Ex-illustratrice

Pourtant, la jeune femme ne se destinait pas au tatouage. Auparavant, elle était illustratrice indépendante. « J’ai toujours adoré dessiner. Dès le primaire, j’étais la dessinatrice du journal de l’école. » Puis lui a pris l’envie de dessiner sur la peau. « Le corps est une matière intéressante. J’ai donc passé un diplôme d’hygiène. Mais il n’existe pas d’école officielle de tatouage, je ne voulais pas démarrer toute seule. »

Elle a donc frappé à la porte du salon Kalil Tattoo Family, qui lui a donné sa chance. Près de huit ans plus tard, son univers est floral, végétal, avec couleurs ou noir et gris. « Nous dessinons ensemble le tatouage. C’est un travail à deux et je m’adapte. » Elle sort alors un album photo de ses réalisations après mastectomie. Grâce à ses dessins, le regard se porte ailleurs que sur la cicatrice. Une émission sur la chaîne RMC Story, dédiée au tatouage lui est consacrée.

Linda BENOTMANE

Les tatoueurs ont du cœur

Maud participera comme toutes toutes les années au challenge tattoo qui aura lieu les 7 et 8 décembre 2024 au complexe AVEC, 1 rue du Breil à Rennes. Cette action vise à récolter des fonds et des jouets qui sont intégralement redistribués à des associations caritatives telles que le Secours Populaire.

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