Aux États-Unis, un service propose aux proches d’une personne décédée de récupérer une portion de peau tatouée. Mais le protocole pose des questions légales. Explications signées Les Tatoueurs ont du Cœur.
Comment fonctionne Save My Ink Forever ?
Prélever, sur le cadavre d’un·e tatoué·e, un morceau de peau encré, et le remettre au proche qui en aura fait la demande : tel est le cœur de métier de la société états-unienne Save My Ink Forever. L’entreprise a mis au point un processus exclusif qui modifie de façon permanente la structure chimique de la peau. Résultat : ses employés sont capables d’extraire la zone épidermique d’un défunt où apparait un tatouage, d’encadrer ladite zone, et de la remettre à la famille.
Interrogé par le magazine VICE, Kyle Sherwood témoigne de « la gratitude des familles lorsqu’elles reçoivent la pièce ». Directeur des opérations chez Save My Ink Forever, il développe : « Ce n’est pas si différent des familles qui transforment les cendres de leurs proches décédés en bijoux ». Et de rappeler qu’à l’époque victorienne, « on coupait aussi les cheveux des morts pour en faire des colliers ».
Un service à la frontière de la légalité
Mais cette pratique est-elle légale ? Pour certains experts juridiques, la prestation de service de Save My Ink Forever se niche dans une région obscure de la législation américaine. Dans les faits, aucune loi (fédérale ou d’État) n’autorise les pompes funèbres à découper un morceau de peau d’une personne et encore moins à le transmettre à une entreprise pour le faire conserver.
En France, c’est l’article 225-17 du Code pénal qui fait la loi. Il stipule que « toute atteinte à l’intégrité du cadavre, par quelque moyen que ce soit, est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende ».
Un succès croissant qui s’exporte déjà
Pour autant, à défaut d’être attaquée en justice, la société Save My Ink Forever prospère et s’enorgueillit d’accompagner de nombreuses familles dans leur deuil. À l’heure où Les Tatoueurs ont du Cœur écrivent ces lignes, l’entreprise commence à développer son service au-delà des simples frontières états-uniennes, nommément au Canada et au Royaume-Uni.
Photographies : Save My Ink